vendredi 13 mars 2015

INTERVIEW - DIRTY FLOI - France (Marseille)

On enchaîne cette fois avec les Marseillais de Dirty Floi

Salut les Dirty Floi, vous êtes de Marseille, le groupe existe depuis quand ?

Fil : C'est en mars 2000 que la genèse a commencée, il y a eu quelques balbutiements avec Julie à la basse et Daniel en seconde guitare, Lio était déjà derrière les fûts et moi toujours à la même place (guitare et chant). Ça n'a pas duré plus de six mois, on s'est séparés de Julie et Daniel qui manquaient cruellement d'énergie et de motivation, en septembre on a intégré Chris à la basse. C'est à ce moment là que le groupe a véritablement existé en tant que tel. Depuis DF a subi quelques changements de line-up, le plus marquant étant le départ de Chris (avec qui on avait tant partagé) en 2005. Pat nous a rejoins, jusqu'en mai 2007, date à laquelle le groupe est tombé en mort clinique, pour finalement renaître de ses cendres en mai 2012

LN : Et pour moi, c'est à ce moment là que l'aventure a commencée, et quelle aventure !!

L'année dernière vous avez partagé la scène avec Warrior Kids, sûrement le plus gros groupe punk/oi de Marseille, ça vous a fait quoi ?

Fil : Je suis un peu embarrassé par ta question. En effet j'aime les WK des années 80, on a tous chanté "adolescent" ou "ville morte", cependant, ce que je garde en mémoire concernant la date à laquelle tu fais référence, c'est aussi d'avoir joué avec : Jungle Fever, Shoot The Dogs, Fiction Romance, 100 Raisons, Les Nains De Jardin, JAD, Les Crades Marmots, Les Chiens De La Casse et j'espère n'avoir oublié personne.

LN : Alors je reformule ta question : l'année dernière vous avez partagé la scène avec des potes mais aussi découvert des méchants groupes, rencontré une orga de ouf, pleins de gens formidables, un public au top, le tout pour passer une soirée de malade dans un lieu sympa !!! Qu'est-ce que ça m'a fait ? Et bien j'te dirais : "c'était de la balle !". Et on remets ça quand tu veux !

Lio : Je ne les connais pas personnellement, ce que je retiens c'est que nous avons passé une excellente soirée avec d'excellents groupes !

D'ailleurs c'était au 10 ans de l'asso Generation X où j'ai un peu discuté avec votre bassiste qui venait juste d'arriver dans le groupe et qui commençait tout juste la basse aussi, depuis la formation est-elle la même ?

LN : Un peu mon neveu ! Avec ce que j'ai enduré, ils vont pas se séparer de moi comme ça !

Lio : As-tu vu les marques de fouet dans son dos ? La méthode a porté ses fruits, nous avons eu en moins d'un an une bassiste efficace et opérationnelle.

Fil : LN a plus que jamais conquis sa place au sein de la formation, et la mérite amplement. Son chant féminin nous apporte une nouvelle énergie dans les voix et plus le temps passe, plus elle gagne en technique et en aisance sur son instrument.

Vous avez sortis au moins un album "génération perdue" en 2002, vous avez sortie d'autres trucs, participé à des compils ?

Lio : Il y a eu une première démo 4 titres "hooligan" en 2000, puis "génération perdue" est sortie en 2002. Nous avons également sorti un 6 titres en 2004, baptisé en toute originalité "2004". Tout ce que nous avons déjà produit est téléchargeable gratuitement, directement de notre site web. Côté compile, nous avons participé en 2003 à "faut pas prendre les enfants de ravachol pour des anars sauvages" rassemblant 21 groupes punk du sud est et produit par Acratos. Et récemment on a participé à une compile gratuite, téléchargeable sur le site de Tondeuz n Spike.

A Marseille ça bouge niveau punk-rock ?

Fil : Il est sûr qu'à une époque, après la disparition du squatt "le Rockab" en 2006, il y a eu un énorme vide. Mais les années ont passées et comme dit le proverbe : ce qui ne te tue pas te rends plus fort ! Aujourd'hui, tu as plein de lieux pour régaler tes oreilles avec du bon son. Des lieux comme la Salle Gueule, la Katiba, la Marmite, l'Embobineuse, le Molotov, la Machine à Coudre (qui a survécu à l'ouragan, même si la grande époque est derrière nous). Mais même en plein air, il y a eu des concerts sauvages sur la Plaine (une des places les plus "célèbres" de Marseille...). Sur une radio locale (radio grenouille), il y a même une émission sympa animée les 1er et 3ème jeudi du mois à 20h, "Discorde" (actu punk rock, squatt, politique...). Il y a beaucoup de gens motivés pour continuer à faire vivre la culture punk dans une ville de "mias" qui de prime abord ne s'y prête pas forcément !

LN : On a la chance d'avoir des potes qui se bougent grave le cul pour organiser des concerts de ouf !! Donc ouais ça bouge !!

Vos projets pour l'avenir ?

Fil : On pense sortir d'ici l'an prochain un nouvel album, incluant une surprise bonus, mais chut ! Je ne t'en dis pas plus. Sinon d'ici là, jouer autant que possible, mais hélas comme souvent, dur dur de concilier les emplois du temps professionnels (ou familiaux) de chacun !

LN : Nouvel album bien sur, le faire vivre en concert, continuer à s'éclater... Se faire plaiz' tant qu'on est en vie...

Quels sont les groupes qui vous ont le plus influencés ?

Fil : Il y en a tant, que faire une liste exhaustive est impossible. En plus, cela dépend des différentes périodes de ma vie. Plus jeune, je me suis fait (comme beaucoup de ma génération) une overdose de Bérurier Noir et Exploited. J'ai été marqué par l'engagement des Clash, le nihilisme des Pistols (même s'ils ne sont qu'un boys band avant l'heure), j'ai eu des frissons avec toute une oi! Française des années 80, je pense à RAS, Camera Silens et L'infanterie par exemple, mais aussi une oi! Anglaise plus énergique et efficace. En ce moment je redécouvre avec plaisir "Inflammable Materials" de Stiff Little Fingers.

LN : Bouh... Des groupes qui m'ont influencées, y'en a plein.. Mes oreilles ont été énormément inondées de skinhead reggae. Mais pas que... L'album "Punks not dead" (Exploited), les Cockney, Cock Sparrer, Komintern Sect, The Clash, Anti Nowhere League et tant d'autres.. Forcément j'ai une petite préférence maintenant quand la basse est mise en avant...

Lio : Plus jeune j'ai eu ma période Sex Pistols, Ramones... Maintenant mes goûts ce sont quelques peu élargis : Bluegrass, Blues, Rock'n'Roll, Punk-Rock, mais aussi Boby Lapointe !

En dehors du groupe vous faites quoi ?

Fil : Hélas, je bosse pour payer mon loyer, le gazole du camion, nourrir les bestioles, et rembourser mes dettes... Working Class Punk ! Sinon, je martyrise la batterie et les oreilles avec les "Clockwork Dogs", à découvrir prochainement !

LN : J'ai fais du théatre pendant huit ans, mais j'ai du arrêter l'année dernière.. Trop hard de concilier le taf, le théâtre, la musique (Dirty Floi ainsi que Clockwork Dogs au sein desquels je joue également de la basse) et le sport. On peut pas tout faire, du coup j'ai tout arrêté pour me consacrer à mon instrument.

Lio : Beaucoup de choses ! Une magnifique petite fille, un boulot très prenant, un peu de blues avec les copains, une reprise du sport...

Votre morceau "marteau sans faucille" est-il une attaque à la politisation de plus en plus marqué dans le mouvement skinhead qui en oublie parfois son origine avant tout prolètaire ?

Fil : La politisation du mouvement skinhead n'est pas récente, ça à déjà commencé il y a plus de trente ans en Grande Bretagne, par des vendus (comme Ian Stuart de Skrewdriver par exempleà qui se sont associés au National Front, et les débuts de Combat 18. A mes yeux les bones ne sont même plus des neuskis. De nos jours, il est vrai que l'univers skinhead s'est éloignée de ses débuts prolos, il est le terrain de jeu des extrèmes droites et gauches, et souvent nombre de ceux qui se revendiquent apos ne le sont malheureusement pas, et ne le font que pour cacher des amitiés plus que douteuses. Cependant la politique n'est pas l'apanage des partis et des extrèmes. La politique c'est aussi faire des choix au quotidien. La personne qui se revendique végan fait de la politique de par ses choix alimentaires par exemple. Ce qui pourrait m'exaspérer dans ce que tu appelles la politisation du mouvement skin, ce n'est pas le fait qu'un skinhead affiche clairement avoir une conscience sociale et fasses des choix en fonction de cela. Non, ce qui m'exaspère c'est le fait que la culture skin se soit faite contaminée par les guéguèrres d'une oligarchie politicienne. Elle en est presque devenue l'otage. Mais heureusement, tu vas trouver des groupes (qui n'appartiennent à aucun de ses deux camps politiques qui ont coutumes d'essayer de recruter chez les neuskis) qui ne sont pas apos (au sens franchouillard et lâche du terme), mais ceux-ci ont une opinion plus que claire : pas de compromission avec le fascisme ! Les skins n'ont pas tous cédés aux sirènes politiciennes et tant mieux si certains restent fidèles à leurs origines prolétaires.
Pour en revenir au titre "marteau sans faucille", pourquoi ne pas le prendre au premier degré ? Une simple chanson d'amour...

LN : Ben ouais quoi, il parait que les punks et les skins aussi peuvent être fleur bleue...

Un mot pour la fin ?

LN : Oui ! Un grand merci à toi de nous donner la parole ! Je sais que toi aussi tu te bouges pour continuer à faire vivre la scène punk et on t'en remercie ! Surtout ne change rien !

Fil : Merci. Je tiens à faire un grand clin d’œil à toutes celles et ceux qui se démènent comme des diables afin de perpétuer une culture alternative sur ce continent qui sombre de plus en plus dans la facilité d'esprit et la médiocrité...

Lio : Merci à toi et à tous ceux qui font vivre cet univers alternatif. Pour ceux qui souhaiteraient en savoir plus, télécharger gratuitement nos enregistrements, voir nos photos, lire nos paroles, nous contacter... Je les invite à faire un tour sur notre site web : http://dirtyfloi.free.fr/

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